"Dans ce monde complexe où l’information n’a jamais été aussi abondante, nous devons développer l’intelligence économique " - Jean ARTHUIS
"En politique, ce qui est cru est plus important que ce qui est vrai " - TALLEYRAND
"Chaque génération se doit de payer ses propres dettes. Respecter ce principe éviterait bien des guerres à l'humanité" - Thomas JEFFERSON
"Hélas! Qu'y a-t-il de certain dans ce monde, hormis la mort et l'impôt ?" - Benjamin FRANKLIN
"La puissance productrice d’un pays peut s’accroître d’une façon plus que proportionnelle à l’augmentation du chiffre de sa population" - Alfred MARSHALL
"Nous sommes des créatures qui nous affligeons des conséquences dont nous continuons à adorer les causes " - BOSSUET
"La seule cause de la dépression est la prospérité" - Clément JUGLAR
"Il est aussi absurde de parler de démocratie ou d'efficacité économique dans une société communiste que d'évoquer un capitalisme sans argent" - Alexandre ZINOVIEV
"Il serait un mauvais économiste celui qui ne serait qu’économiste" - Friedrich HAYEK
"Les investissements d'aujourd'hui sont les profits de demain et les emplois d'après demain" - Helmut SCHMIDT
11 mars 2022
Armand Hammer se vantait d’être le seul Américain à être un ami à la fois de Lénine et de Reagan. Il était aussi un intime de Brejnev et de Gorbatchev, comme de Nixon.
Dirigeant d’Occidental Petroleum, il est dans les années 1980 un des hommes les plus riches et les plus puissants de la planète. Figure de Wall Street, il occupait également, dans les murs du Kremlin, un bureau contigu à celui du secrétaire général du Parti communiste. Il a été mêlé aux principaux événements qui ont changé la physionomie et le cours du XXe siècle. La clé de sa réussite réside dans sa capacité à bousculer, voire à ignorer les règles du jeu, notamment en négociant fréquemment des contrats d’une stupéfiante ampleur avec des pays habituellement hostiles aux États-Unis.
L’étonnant homme d’affaires a en grande partie hérité sa position d’intermédiaire Est-Ouest de son père. Julius Hammer, pharmacien et fondateur du Parti socialiste du Travail, était le plus âgé et le plus riche des membres de la communauté socialiste américaine. Il faisait partie de l’entourage de Trotski lors de son exil américain de janvier à mai 1917. Auparavant, il avait rencontré Lénine en août 1907 au Congrès de l’Internationale socialiste, où une amitié s’était nouée entre les hommes. Dès l’instauration du pouvoir bolchévique en 1917, Julius est le seul à tourner le blocus imposé à la Russie par la France et l’Angleterre : il s’enrichit considérablement en vendant illégalement et à crédit des produits pharmaceutiques et autres denrées. En 1920, son impunité tourne court quand il est condamné à quinze années de prison pour avoir commis un avortement illégal sur la femme d’un ancien membre de l’ambassade russe, opération qui aurait entraîné la mort de la patiente dans la foulée. Son fils interrompt alors ses études à l’université de Columbia pour reprendre les affaires paternelles.
Il se rend en 1921 en URSS car il a obtenu la première concession accordée par le gouvernement soviétique à une firme occidentale : les mines d’amiante d’Alapaïevsk, dans le massif de l’Oural, sur les lieux mêmes où avaient été exécutés les Romanov. Le 22 octobre 1921, il rencontre Lénine, ce qui scelle les relations économiques entre les soviétiques et sa famille. Il approvisionnera la Russie en blé américain pour réduire la famine et il profitera de l’inflexion de la NEP, ce « repli stratégique » dans la construction du socialisme qui doit « faire au capitalisme une place limitée pour un temps limité ».
Citation
Romain Treffel, « L'homme qui murmurait à la fois aux oreilles du monde capitaliste et du monde socialiste », analyse publiée sur «leconomiste.eu» le 02/03/2016. Anecdote économique extraite du recueil intitulé « 50 anecdotes économiques pour surprendre son auditoire ».